Chômage : pas de quoi pavoiser, Mme Rochat !

En cette « année des hannetons », le Conseil d’Etat a choisi son mode d’expression : l’autocongratulation.

Après l’ensemble du gouvernement mercredi, Mme Rochat s’est prêtée à l’exercice à dans le cadre d’une conférence de presse consacrée à l’emploi et au marché du travail. Tout en insistant sur la réduction de l’écart entre les taux genevois et suisse, la conseillère d’Etat s’est félicitée de la baisse du chômage durant la législature et des mesures mises en place à Genève à cet effet.

Un bref coup d’œil aux statistiques permet toutefois de relativiser singulièrement le propos :

Chômage[1]

Genève

Suisse

Décembre 2008

5,9%

3%

Décembre 2009

7,2%

4,4%

Juillet 2012

4,7%

2,7%

Juillet 2013

5,4%

3%

 

En effet, si le chômage a bien diminué durant la législature, il faut rappeler qu’on était alors en pleine crise économique mondiale. Et une simple comparaison des chiffres suisse et genevois ces dernières années montre que la tendance de la courbe reste toujours la même. En d’autres termes, c’est probablement plus la conjoncture qui fait fluctuer les chiffres du chômage que les mesures appliquées dans notre canton ! Ce que la Conseillère d’Etat reconnait d’ailleurs implicitement en expliquant que le traitement du chômage devra se faire « par une prise en charge toujours plus fine et professionnelle des demandeurs d’emploi »[2], ce que je dis d’ailleurs, avec le parti socialiste, depuis fort longtemps !

Enfin rappelons également que les chiffres officiels ne reflètent pas l’ampleur réelle du chômage dans notre canton. En effet :

  • pour être considéré comme chômeur, il faut être « immédiatement disponible » ; une femme sans emploi qui n’a pas de solution de garde pour ses enfants n’apparait ainsi plus dans les statistiques ; ni d’ailleurs toutes les personnes en formation, en gain intermédiaire ainsi que celles qui ne peuvent être placées dans un délai de 30 jours pour cause de maladie, accident, maternité, service militaire ;
  • les chômeurs en fin de droit ne sont comptabilisés que s’ils sont inscrits à l’Office cantonal de l’emploi, ce qui n’est de loin pas le cas de tous et ce d’autant plus qu’il semble en être dissuadés ;
  • les frontaliers qui ont perdu leur travail dans notre canton ne sont en principe pas comptabilisés (ils touchent généralement le chômage en France).

 

La réalité, c’est qu’à Genève le chômage doit être plus proche des 10% que des 5% et que notre canton reste lanterne rouge de la Suisse. Vraiment pas de quoi pavoiser, Madame Rochat !

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